La formation en entreprise : une nouvelle donne !

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Auteur

Patrick Probonas

Date de publication

03/05/2021

Le sujet de la formation professionnelle en entreprise est passé, en quelques années, d’essentiel à vital. En effet, l’acquisition de connaissances et donc, de compétences additionnelles concourt, aujourd’hui bien plus qu’hier, à alimenter les différentiateurs concurrentiels. On peut affirmer que l’acte de formation participe directement à la continuité des entreprises grâce au renforcement des capacités adaptations aux changements incessants qui les agitent :

Des conditions de marché volatiles, des corrections et ajouts fréquents de réglementations, la rareté de profils indispensables, des attentes clients très diversifiées et en évolution permanente. S’ajoute à toutes ces contraintes déjà connues, depuis 2020, une pandémie de Covid19 qui confronte le monde à une crise parmi les plus profondes, les plus dangereuses, les plus longues de l’histoire récente de nos sociétés post industrielles.

Les méthodes de formation en entreprise évoluent lentement

Etrangement, dans ce bouillonnement de transformations, les formations en entreprise proposent encore, à quelques exceptions près, un schéma de transfert de savoirs inchangé au cours des 35 dernières années. En voici un exemple :  

Lorsqu’un besoin d’apprentissage se fait jour, le management ou le service en charge sélectionne un prestataire spécialisé. Après une rapide mise en concurrence, un contrat est signé et des dates sont retenues. Quand vient le jour de la formation, les personnels concernés assistent au cours.  

Le formateur, expert dans son domaine, explique, transmet, initie des exercices et des mises en situations. En fin de session, l’assistance participe au traditionnel tour de table pour partager son feed-back et remercier le formateur pour la qualité de son enseignement et l’utilité des connaissances abordées. Le formateur propose alors aux participants, avant de conclure, que chacun d’eux applique les nouvelles notions dès le lundi suivant. L’approbation est enthousiaste, on se dit au revoir.

Des résultats décevants pour la formation en entreprise

Le lundi suivant, la plupart des participants au cours parsèmeront leurs tâches de quelques ingrédients nouveaux. Ils activeront le bien connu « effet de ruissellement » qui consiste à intégrer plus ou moins 10% d’un apprentissage au travail du quotidien.

C’est que les habitudes sont dures à changer. De nouvelles méthodes de travail, d’autres façons de penser et d’agir, l’usage d’outils peu connus qu’il s’agit d’apprivoiser, c’est un cheminement délicat où l’on se confronte à la réalité. Certains peuvent le parcourir avec curiosité. D’autres, nombreux, vont se cabrer devant ce qui semble pour eux une alerte de proximité de leur seuil d’incompétence.

Une obligation de changement des organismes de formation

Ce type de bilan s’observe encore trop souvent. Il conduit les organismes de formation à devoir s’adapter aux attentes et aux défis nouveaux des entreprises. Le temps des démarches académiques, proposées en quelques heures ou jours, sans personnalisation ni suivi, perdent de leur intérêt. Les formations dites « techniques » (gestion, ventes, management…) maîtrisées par nombre de cabinets spécialisés, sont désormais limitées si elles se contentent de rester ce qu’elles sont.

Les objectifs des formateurs consistent à améliorer les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être en les transmettant par l’explication, la démonstration, l’exemple.   Je propose ici 3 critères d’efficacité, applicables partout et sur tous les sujets.

Les 3 critères d’une formation efficace

En réalité, une formation en entreprise en 2021 est un cycle de transmission et d’accompagnement qui doit répondre à au moins 3 critères de fonctionnement :

1er critère : la préparation

Une formation répond à des besoins de développements stratégiques. Des populations de salariés, chargées de les animer, doivent intégrer des informations sous diverses formes : e-learning, présentiel, documents, mises en situation etc. Or, chaque personne concernée est un être à part. Ses attentes sont particulières, son itinéraire, son ambition, la vision de son environnement n’appartiennent qu’à lui.

L’erreur peut consister à considérer ces personnels comme un groupe cohérent. Ce n’est jamais le cas. Pour des raisons de gain de temps et de budget, la démarche habituelle tend à uniformiser le groupe avec comme seules nuances, parfois, les rôles professionnels dans l’organisation. Une bonne démarche consiste à aller plus loin que la demande de départ. Une fois le besoin global connu et analysé, il est nécessaire de rencontrer les personnes directement concernées, prendre connaissance de leur contexte de travail, de la nature de leurs missions.

Il s’agit de découvrir leurs atouts, leurs difficultés et leurs doutes. Puis exécuter, avec chacun d’eux ou par petits groupes, des sessions de préparation à l’adhésion et à l’acquisition de techniques, de méthodes importantes pour leur entreprise et qu’ils auront à utiliser au bénéfice du collectif.

2ème critère : Une formation vivante

Un grand nombre de formations en entreprise ont souvent tendance à être académiques : ce sont des cours magistraux avec prises de notes. Les intervenants se succèdent, comme les sujets abordés. L’ambiance peur devenir soporifique. Des générations entières de formateurs ont subi le coup de barre d’après déjeuner où les participants luttent contre une irrépressible envie de faire la sieste.

Par bonheur, il arrive que s’organisent des travaux en sous-groupes où des mises en situations mettent un peu d’ambiance, réveillent l’entrain, sinon l’intérêt. Là aussi, les choses ont changé. Nous vivons tous en zappant d’un sujet à l’autre. Notre capacité d’attention a drastiquement baissé. Les professionnels en entreprise n’échappent pas à ce phénomène qui s’accentue avec le temps et les progrès technologiques. Alors comment faire ?  

Notre expérience montre qu’une formation doit être préparée selon un rythme rapide. Loin de « zapper » d’un sujet à l’autre, on met les chapitres à étudier en cohérence par la démonstration, puis par l’application immédiate. Le discours explicatif s’efface derrière l’exemple concret et la répétition.

Puis on varie les vitesses d’exécution, on distribue des rôles et des taches selon un mouvement fluide et équilibré. On propose à l’auditoire de devenir acteur, de prendre en charge son acquisition des pratiques par l’action. Dans ces conditions, les savoirs se fixent car elles sont intégrées dans le plaisir que procure le jeu, la participation, l’incarnation d’une approche théorique.

3ème critère : l’accompagnement de la formation en entreprise

En fin de session, les applaudissements saluent le formateur. Il a fait son job. Il est vidé car la tension retombe, son engagement personnel, total, l’a littéralement lessivé.   Ça, c’était avant. Grâce au critère n°2, la dépense d’énergie est mieux répartie. Les ressources nécessaires pour la suite à donner sont là, intactes. Quelles suites ?

L’organisme de formation a compris, depuis longtemps, que l’effet de ruissellement, suffisant dans les années 1980 et 1990, devenait un résultat un peu court face aux défis d’aujourd’hui. Que faire de plus ? Accompagner les participants.   

C’est la troisième phase. Le formateur va devenir un accompagnant dont le rôle consistera à vérifier les acquis, combler les lacunes, continuer à démontrer les bonnes pratiques face à un écran de travail, chez un client, en réunion interne etc… Sa présence aidera les personnels à lutter efficacement contre des habitudes anciennes qui, comme un élastique invisible, les tire en arrière et les ramène vers des zones connues, sécurisantes mais obsolètes.

Cette étape peut se dérouler en 3 phases successives : Une première étape intensive, pour fixer les comportements et nouveaux réflexes, juste après la formation (dès le premier lundi…) Une seconde partie, plus espacée dans le temps, aura pour objet de s’assurer de l’application positive des acquis. Enfin, une troisième étape de visites ponctuelles, préprogrammées sur 3 à 6 mois, réglera les derniers détails et conclura la démarche globale.

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